Sabine Blanc

journaliste web

La SNCF ou la monomodalité en marche

Sur l’intermodalité, la SNCF navigue toujours dans des eaux médiévales, avec cette couche d’absurdité si agaçante. Ce samedi, j’ai voulu me rendre en TGV à Vendôme en embarquant mon vélo. En arrivant à la gare Montparnasse, patatras, la rame destinée aux vélos à été supprimée et le responsable du train, pour des raisons de sécurité, refuse les vélos. De toute façon, j’avais déjà tout faux : pour mettre son vélo dans un TGV, il faut réserver et payer un supplément de 10 euros, deux contraintes qui n’existent pas sur le TER. Je m’étais naïvement fiée au petit logo « vélo » sur la réservation. Trop simple. Bien sûr, cela suppose d’avoir dégoté un des TGV, minoritaires, qui prend les vélos.
Le manager du train suggère de laisser l’engin à la gare. Euh, non, désolé, je ne laisse pas un vélo à 1000 euros 36 heures à Montparnasse. A moins d’avoir des cages sécurisées mais ce n’est prévu que dans le prochain plan vélo parisien.
Deux Néerlandais sont dans le même cas que nous, mais avec des réservations. Ils hallucinent évidemment sur la situation. Le changement des billets est un grand moment : l’employée appelle un premier supérieur qui en appelle un second. Il faudra bien 20 minutes pour dépatouiller les deux cas.

L’argument de la sécurité est étonnant : une valise de 20 kg, des skis, un chevalet ne sont pas considérés comme de potentiels projectiles dangereux, un vélo oui. A 300 km/heure en cas de choc, la différence est subtile. Il est d’autant plus étonnant que les Néerlandais seront autorisés à prendre leur vélo dans un TGV dépourvu d’emplacements dédiés, par la magie d’un manager compréhensif. L’astuce consiste en fait à fourguer le vélo dans une housse qui le transforme en bagage banal.
L’anecdote nuit aussi à l’image du vélotourisme en France, qui se développe ces dernières années. Le couple est venu pour faire un bout de la Loire à vélo, un vrai succès. Départements et régions cyclables (DRC) s’en agace d’ailleurs :

Il y a un bât qui blesse avec la SNCF, c’est le transport des vélos à bord des trains. Elle dit que ce n’est pas rentable car cela se fait au détriment des places assises. Nous, nous pensons qu’il y a plusieurs sortes de cyclistes. Le cycliste utilitaire, qui sera d’accord pour aller en vélo à la gare, le laisser, prendre le train et éventuellement un deuxième vélo à l’arrivée, ou un pliant. Le cycliste de loisir pourrait tout à fait remplir les rames hors heures de pointe, quand cela ne gêne personne, avec son vélo. Et le cyclotouriste, qui est parfois un touriste de luxe, avec son vélo à 3 000 euros, n’a aucune envie d’en louer un car il veut son matériel.


 
On a finalement atterri dans un TER qui reste plus accueillant et souple que les TGV sur le sujet, même si ce n’est pas la panacée, 2 heures de trajet au lieu de 40 minutes. Parfait pour écrire un billet de blog. Quant au retour le dimanche, ce sera finalement le lundi, car tous les TGV acceptant les vélos sont blindés. La SNCF n’allait tout de même pas adapter l’offre à la période de vacances.

A lire sur La Gazette des communes :
« La véloroute, ça rapporte ! »
Politiques cyclables : 10 pratiques inspirantes…ou pas
Sur Le Monde : Un plan pour faire de Paris la « capitale du vélo »

18 juillet 2015

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