Sabine Blanc

journaliste web

The LEGO movie : dystopie sécuritaire et utopie DIY

Évidemment, je suis allée voir The LEGO movie, dont l’histoire recoupe mes deux thématiques de prédilection, le DIY, logique, et la sécurité, c’est plus inattendu.

Le personnage principal, Emmet, vit dans une dystopie sécuritaire qui rappelle Fahrenheit 451 : les citoyens vivent dans une illusion de bonheur, gavés de télévision (« I’m on TV, so you can trust me »), aliénés consentis exécutant sans réfléchir leur boulot, sous l’oeil de caméras qui veillent à leur sécurité. Attentifs ensemble !, pour reprendre le slogan de la RATP et le titre du très documenté livre de Jérôme Thorel. « Everything is awesome », reprennent-ils en chœur avant d’aller regarder Where is my pants, un show débile.

Le vilain du film est un homme d’affaires mégalo qui règne sur un empire industriel, dont une des branches vend de la vidéosurveillance. Les policiers, détournés de leur devoir - servir le bien public -, sont les auxiliaires de son grand projet : maintenir un monde ordonné, où chaque univers LEGO est cloisonné. Les pirates avec les pirates, le Far-Ouest avec le Far-Ouest, etc. Tout l’arsenal sécuritaire de type panopticon est déployé, hélico, traçage GPS, écrans de contrôle, etc.

À la chasse aux gentils LEGO.

Le flic véreux en chef a juste un petit problème : il y a encore en lui un fond de bon policier qui, lorsqu’il ressurgit, a tous les symptômes du policier de proximité/bobby selon la culture de référence :

« Emmet : Look, um... I watch a lot of cop shows on TV... Isn’t there supposed to also be a— ..Isn’t there supposed to be a good cop !?
Bad Cop : Oh yes. But we’re not done yet. [switches head]
Good Cop : Hi, buddy ! I’m your friendly neighbourhood police officer ! Would you like a glass of water ?
Emmet : Yeah, actually that sounds—
Bad Cop : Too bad !! »

Tout le film se fait le chantre de la créativité chère au monde du DIY, je ne vous spoile pas la fin. Les LEGO sont livrés avec un mode d’emploi qui est fait pour être détourné, les boîtes mélangées, en laissant libre court à sa créativité. N’importe qui a un potentiel créatif, tel est non seulement le leitmotiv mais aussi le moteur du scénario. « Les instructions », comme dit Elmet, sont valorisées à un seul moment, quand il s’agit de se mettre en mode collaboratif pour mieux accomplir une œuvre qui dépasse l’individu, comme une mise en abyme du film. Un discours aussi sympathique que compatible avec les affaires de la marque danoise.

27 février 2014

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