Sabine Blanc

journaliste web

OHM en vrac

Observe Hack Make (OHM) a rassemblé la semaine dernière environ 3 000 hackers, makers et sympathisants de la cause dans un immense camping posé au milieu d’un champs batave. Voici quelques impressions sur le vif. Pour des analyses plus poussées, c’est ici ou bien encore .

1-Un événement foisonnant

On sort de OHM avec un sentiment mi-figue mi-raisin : c’est géniaaaaal/hannnn j’ai loupé trop de trucs/c’est le bordel dans ma tête, j’arrive pas à décanter.
Le programme était riche, trop peut-être. Permettre à tout le monde de faire une présentation, un atelier ou une performance est un choix respectable mais qui génère un sentiment de frustration. De plus, entre proposer quelque chose et avoir du public en face, il y a parfois une différence vu le nombre d’activités en parallèle.

Il serait peut-être préférable d’organiser plus d’événements moins denses. Cela éviterait des budgets énormes qui conduisent à accepter des sponsors douteux, comme ce fut le cas à OHM avec Fox-IT, une boite listée dans les Spyfiles.

2-Le fardeau du white hacker

La question des choix éthiques des hackers a été au cœur de Noisy Square, l’événement dans l’événement organisé suite justement à la polémique sur Fox-IT, avec pour slogan « Putting the resistance back in OHM ». Billet à venir après la phase de décantage.

3-Le hack général

J’ai compris les 3/4 des intitulés des conférences, c’est signe que le hack contamine tous les champs de la société, bien au-delà de la sécurité informatique. Le terme est-il en train de se diluer/d’être dénaturé/récupéré à force d’être décliné à toutes les sauces, ou est-ce au contraire bon signe ? Ou OSEF ?

4-Queer as folk

Il y avait parmi les 3 000 participants une proportion certaine de gens drôlement barrés, flirtant parfois avec la poésie. Cette folie douce qui baignait le camp ne sauvera pas le monde, mais elle fait du bien. Il est dommage qu’il n’y ait pas plus d’endroits où l’on puisse se trimbaler en slip ou en peignoir à fleurs sans qu’on vous scrute en songeant appeler les flics. Ici c’est même l’inverse : je me suis sentie limite déguisée avec ma robe à fleurs de sage jeune femme.

Le queer sexuel en particulier était bien présent. Je ne sais pas si c’est un effet des récents débats sur le sexisme chez les hackers, et/ou si la société hollandaise est plus tolérante. On pouvait croiser des mecs en jupe ou en justaucorps et un débat queer et féminisme a été improvisé à la tente de La Quadrature du Net par exemple.

Bref queer as folk, ce que résumaient avec humour les guidelines :

« OHM2013 is an event for every weirdo in our community. It is not acceptable to make others feel unwelcome because they are shy, silly, weird, socially awkward, British, nerd, gay, unicorn, extravagant, android, male, female, of ethnic minority, hipster, religious, vegetarian, autistic, alien from outer space, artistic, bohemian, hippy, misguided, heterosexual, badly dressed, photo-shopped, American, green, soft-packing or otherwise (non-)average. »

5-John Gilmore, tout simplement

John Gilmore, c’est un peu un ponte de l’informatique qui a pris sa retraite anticipée de Sun Microsystem pour faire ce qui lui chante, comme co-fonder l’EFF, un chèque à six zéros à la clé, se faire l’apôtre du cypherpunk à une époque où la privacy n’était pas un débat public, et qui maintenant prône la légalisation des drogues.

Une légende de la contre-culture californienne qui passe pourtant à côté de vous, invisible, pose sa tente, vous offre de la pastèque avec une infinie douceur et se fait faire les ongles par les petits gars de La Quadrature du Net. Et puis disparait comme il est venu, sans faire de bruit. On n’est pas obligé d’être d’accord avec sa ligne politique très libertarienne, mais il est impressionnant.

Photo by nc quinnums

6-Bach et Chopin go to hacking

Même si le concert de Kimiko Ishizaka était très logique, quand s’est élevé Bach puis Chopin de son piano à queue devant 400 hackers, 800 à la fin, dans un chapiteau planté au beau milieu d’un champ aux Pays-Bas, ben il y avait des frissons dans la salle.

6 août 2013

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